22 avril 2007

Echantillon de marathon

Dimanche dernier, c'était le grand rendez vous de la course à pied en France : le marathon de Paris.

Je rêvais il y a quelques mois d'en prendre le départ, mais mon aponevrosite rebelle a eu raison de mes espoirs, et j'ai donc du me résigner et laisser ma place à Nico, le diplopote champion du remplacement sur forfait (à commencer par sa belle prestation de l'an passé à la 30ieme édition du marathon de Paris).

Cependant, ne pouvant me résoudre à ignorer completement le déroulement de cet évènement, et sachant Nico moins préparé cette année, je me proposais de parcourir exceptionnellement quelques kilometres à ses cotés pour le soutenir et vivre également un peu de cette course.

Voici donc le récit de cette 31ieme édition du MdP telle que je l'ai vécue.

9H. Le Marathon est déja parti et au lieu d'etre parmi ces 30 000 champions, je suis devant ma télé en train de regarder les kényans et autres Quataris qui font leur course a plus de 20km/h. Je petit déjeune léger, mais glucosé, admire la tete de course qui passe le 30ieme kilometre, enfile mes baskets préparées la veille et file en deux roues direction Paris...

Il est 11H je viens de garer mon scoot au 38ieme kilometre (c'est déjà ca d'économisé sur un marathon de 42 -lol), et de recevoir un SMS m'indiquant que Nico est passé au semi en 1H57 (je découvrirai bien plus tard que c'est en fait Sylvain qui est passé dans ce temps, échange de puce oblige...)

Je remonte la course à allure footing pour rallier le point de RDV annoncé a Nico. Je n'ai pas couru depuis plus de 3 mois, mon pied ne me fait pas souffrir, juste une légère sensation de gêne sous la voute plantaire.

Sur le chemin, j'encourage les participants, et m'arrete qq instants pour venir en aide a un concurrent (le 6061 si j'ai bonne mémoire) qui s'écroule littéralement devant moi, pris d'une crampe a la jambe. Apres quelques étirements et lui avoir filé deux morceaux de sucre , je l'abandonne aux bons soins d'un autre spectateur qui continue de l'étirer et lui file a boire.

Je passe au 35ieme (oui, je suis dans le sens contraire je vous rappelle), choppe une bouteille d'eau ni vu ni connu, et arrive au 34ieme. Il est aux alentours de 11H30, je sais que David est passé depuis longtemps, mais j'espere ne pas avoir loupé Sylvain ni Nico.
J'encourage les coureurs de toutes mes forces, tapant sans cesse dans les mains sur le rythme de l'orchestre brésilien situé quelques centaines de metres derriere moi.
Je scande les prénoms des champions, les galvanise d'un "courage" ou d'un "bravo"... et regarde avec inquiétude ma montre dont les minutes passent et passent encore, sans l'ombre d'un Sylvain ou d'un Nico. Les ballons verts sont passés, puis les violets, les bleus, les roses.... toujours personne.
Il est midi et demie, je commence a me dire que c'est loupé, que je vais rentré tranquillou a la maison sans avoir pu encourager qui que ce soit de la bande.

Quand tout a coup, coté droit de la chaussé, un grand blond torse poil... Nico !
Il a arraché son tee shirt il y a déja qq kilometres et n'a pas l'air en grande forme. Je lui emboite immédiatement le pas, lui propose de l'eau qu'il accepte, du sucre qu'il refuse.
Il me raconte qu'il n'est pas au mieux, qu'il alterne entre chaud & froid.
Il prend quand meme la peine d'échanger quelques plaisanteries, je me dis que pendant ce temps, il ne pense plus a sa course ni a sa fatigue, c'est toujours ca.
Au ravitaillement des 35, une nana refuse de me donner une bouteille car j'en ai déja une dans la main (forcement, je suis déja passé au ravitaillement). Je finis quand meme par en prendre 2 un peu plus loin et les conserve pour Nico. Moi ca va, j'suis encore frais !
Je me rends vite compte que la chaleur est de plus en plus présente. J'essaie de parler un peu avec Nico pour lui changer les idées, l'encourage à garder le rythme. Mais plus les kilometres passent, plus il s'arrete fréquemment et je me désole de ne rien pouvoir faire pour lui de plus que couper l'eau chaude des bouteilles avec de l'eau fraiche des fontaines du bois de boulogne, ou encore lui montrer de jolies brésiliennes auxquelles je l'exhorte de s'accrocher !
Drôle d'impression que d'etre encouragé comme un héros alors que j'en suis a peine a mon 5ieme kilometre du marathon de paris... agréable sensation d'etre au sein de ce peloton dont je revais de faire partie, et désagrable impression d'etre un usurpateur un peu malgré moi. Je continue d'encourager de temps en temps quelques concurrents qui nous dépassent. Je les admire tous. Ils sont au bout de leur forces, Nico le premier. Le masque de la douleur est présent sur une grande part des visages de ces marathoniens qui sont maintenant lancés depuis plus de 5H, sous un soleil presqu'estival.

J'abandonne Nico sur le rond point de la porte Dauphine, a quelques centaines de metres de l'arrivée, et lui braille un dernier encouragement alors que je le vois se remettre a courir apres presqu'un kilometre passé à marcher... Sa derniere ligne droite, que je ne verrai pas. J'espere que l'attente a l'arrivée ne sera pas trop longue, car je pense qu'il a déja tout donné.
Son temps ne sera certes pas grandiose, mais il a fait preuve d'un grand courage, peut etre plus encore que l'an passé où sa course avait sans doute été plus facile et son chrono plus brillant.
C'est la premiere fois que je vois l'un d'entre nous lutter autant pour achever une course. Autant que moi je me serai imaginé devoir lutter si j'avais courru toute la distance, sans etre sûr de le faire avec autant de courage.
Parce que ce n'est pas parce que certains de la bande font de 3H au 42km (et bravo a eux, sincerement), que c'est une performance à la portée de tous.
Pour d'autres, le défi N° du marathon reste de le terminer.
J'espère être un de ceux là un jour prochain. Un jour un peu moins chaud que ce dimanche 15 avril 2007 si possible....